Des partitions et répartitions

• Sommaire
  • Livre I - L'écu intérieur
    • Chapitre 3 - Des partitions et répartitions

Quelle que soit sa forme, l'écu est simple ou composé.

L'écu simple n'est autre chose que l'écu plein, c'est-à-dire celui dont le champ ne présente qu'un seul émail, une seule couleur.

Au contraire, l'écu composé, ou écu divisé, offre plusieurs sections et, par conséquent, plusieurs émaux, un pour chaque section.

En langue héraldique, on donne le nom de Partitions aux traits ou lignes qui divisent le champ de l'écu et l'on distingue les partitions principales et les partitions secondaires ou répartitions.

§ 1. — Partitions principales.

Les partitions principales ou partitions proprement dites sont toujours formées d'un seul trait et partagent l'écu en deux parties égales. On en compte quatre, savoir : — le parti, — le coupé, — le tranché, — le taillé.

1° Le Parti partage l'écu perpendiculairement (fig. 21) (a)

2° Le Coupé partage l'écu horizontalement (fig. 22).  

3° Le Tranché partage l'écu diagonalement de droite à gauche, c'est-à-dire de l'angle dextre du chef à l'angle senestre de la pointe (fig. 23).

4° Le Taillé partage l'écu diagonalement de gauche à droite, c'est-à-dire de l'angle senestre du chef à l'angle dextre de la pointe (fig. 24).

Fig. 23

Fig. 24

L'écu est dit parti, — coupé, — taillé, — tranché, suivant qu'il présente l'une ou l'autre de ces partitions.

Quelquefois, l'écu se trouve coupé en deux parties inégales par une ligne perpendiculaire. On l'appelle alors :

Adextré, quand cette ligne est plus rapprochée du côté dextre (fig. 25), et Senestré, lorsqu'elle est dans le cas contraire (fig. 26).

Les armoiries de Thomacci (Provence) offrent un exemple de ces deux partitions :

§ 2. — Répartitions.

En combinant les partitions entre elles, on obtient de nouvelles divisions que l'on appelle Répartitions. Les plus importantes sont les écartelés, dont il existe plusieurs sortes, telles que les suivantes :

1° L'Écartelé en croix ou Écartelé proprement dit résulte de la réunion du parti et du coupé ; il divise donc l'écu en quatre carrés égaux par une ligne perpendiculaire et une ligne horizontale qui se croisent (fig. 27).

Les quatre espaces égaux s'appellent Écarts, Quartiers ou Écartelures, et l'on donne quelquefois le nom de Croisure au point où les deux lignes se coupent. Le premier quartier est en chef, à dextre ; le second quartier, également en chef, mais à senestre ; le troisième quartier en pointe et à dextre ; le quatrième quartier également en pointe, mais à senestre.

Fig. 27	Gontaut de Biron (de) : Écartelé, aux un et quatre d'or, aux deux et quatre de gueules, ou simplement : D'or et de gueules. (Guyenne)
Crevant d'Humières (Touraine) : Écartelé, aux un et quatre d'argent, aux deux et quatre d'azur, (c) ou simplement : D'argent et d'azur.	Bonvillar (Languedoc) : Écartelé, aux un et quatre d'argent, au deux d'azur, et trois de gueules. (d)

2° Le Contre-écartelé n'est autre chose que l'écartelé en croix dont l'un des quartiers est lui-même écartelé. Les parties du contre-écartelé se nomment Contre-écarts. La fig. 36 présente un exemple de cette répartition.

3° L'Écartelé en sautoir est formé par le taillé et le tranché ; il partage donc l'écu en quatre triangles égaux par deux lignes diagonales, partant l'une de l'angle dextre, l'autre de l'angle senestre, et se terminant aux angles opposés (fig. 28).

Comme celles de l'écartelé ordinaire, les parties de l'écartelé en sautoir s'appellent quartiers ou écarts. Le premier quartier est en chef, le second quartier en pointe, le troisième quartier à dextre, le quatrième quartier à senestre. (e)

Fig. 28

Bazu : Écartelé en sautoir de sable et d'argent. (Bourgogne) (f)

4° Au lieu d'être partagé par une seule ligne verticale et une seule ligne horizontale, l'écu peut présenter un plus grand nombre de divisions semblables, et l'on continue de donner le nom de quartier à chacune de ces divisions bien qu'elles soient plus de quatre; ainsi :

Parti d'un et coupé de deux donne six quartiers (fig. 29);
Parti de trois et coupé d'un donne huit quartiers (fig. 30) ;
Parti de quatre et coupé d'un donne dix quartiers (fig. 31);
Parti de trois et coupé de deux donne douze quartiers (fig. 32);
Parti de trois et coupé de trois donne seize quartiers (fig. 33) ;
Parti de quatre et coupé de trois donne vingt quartiers (fig. 34);
Parti de sept et coupé de trois donne trente-deux quartiers.

5° L'écu peut être en même temps parti, coupé, tranché et taillé (fig. 35).
6° L'écu peut également être à la fois écartelé et avoir chacun de ses quartiers divisé d'une manière différente (fig. 36).

7° L'écu écartelé porte quelquefois un autre écu sur la croisure : celui-ci s'appelle Écu sur le tout ou Écusson en coeur (fig. 37).

Quand l'Écu sur le tout porte lui-même un autre écu (fig. 38), on donne à ce dernier le nom d'Écu sur le tout du tout (1).

8° Le tiercé est formé par deux ou trois lignes qui divisent l'écu en trois parties, chacune d'un émail différent. On le dit en pal, en fasce, en bande, en barre, en chevron, en pairle, suivant la direction des lignes qui le constituent.

9° Les autres répartitions sont peu employées. Telle est celle qu'on nomme coupé mi-parti ; c'est un coupé dont la moitié inférieure est partie (fig. 39).

Note de l'auteur

1- Dans le principe, les armoiries étaient très simples et ne présentaient aucun écartelé, sauf toutefois l'écartelé simple, c'est-à-dire de métal et de couleur, ou de couleur et de métal, qui ne constitue en réalité, comme le gironné, qu'un seul écu composé de divers émaux. L'usage de multiplier les quartiers dans un même écu provient des causes suivantes : 1° les mariages ; 2° la possession de plusieurs fiefs différents ; les prétentions ; 4° les dignités ; 5° les alliances, les substitutions et les majorats ; 6° les concessions ; 7° le patronage ; 8° la nécessité pour les puînés de modifier les armes de leur père pour se distinguer de leurs aînés.

Dans tous les cas, les armes véritables et primitives de la famille occupent le quartier dextre du chef, à moins toutefois qu'il n'y ait un Sur le tout. Dans ce cas, elles doivent être sur ce dernier. En outre, s'il y a un Sur le tout du tout, c'est sur celui-ci. De plus, quand on veut perpétuer l'origine maternelle, c'est dans les quartiers 1 et 4 que l'on met les armoiries du père, et, dans les quartiers 2 et 3, celles de la mère.

Notes de la rédaction

a- L'auteur donne à titre d'exemple quatre autres blasons : Veirat (Languedoc) : parti d'or et de gueules. Home (Languedoc) : coupé d'or et d'azur. — Lournel (Languedoc) : tranché d'argent et de gueules. — d'Esclope (N***) : taillé d'or et d'azur. N'ayant pu les retrouver dans les armoriaux en notre possession, nous ne les avons pas retenus.
b- L'auteur indique faussement comme patronyme Thomacci.
c- L'auteur donne pour Crevant d'Humières (Touraine) : Écartelé, aux un et quatre d'argent, aux deux et quatre de gueules, en ajoutant ou simplement : D'argent et d'azur. Les deux blasons ne sont pas identiques et le premier est manifestement erroné au vu des informations contenues dans notre base.
d- L'auteur indique faussement comme patronyme Bouvilar.
e- L'auteur donne pour exemple Sainte-Colombe (Beaujolais) : écartelé en sautoir d'azur et d'argent alors que cette famille porte un écartelé en croix.
f- L'auteur indique faussement comme patronyme Baza.